Edito du 2e trimestre 2021

Immobilier neuf : où va le marché ?

Les chiffres sont sans appel : En 2021 on ne devrait pas produire plus de 320 000 logements d’après le ministère, 300 000 selon les promoteurs alors que le besoin est de 450 à 500 000. L’insolente santé du marché des logements anciens, occulte presque le malaise sans précédent du logement neuf dans notre pays. Les experts et les observateurs de ce secteur d’activité majeur, tant pour l’emploi que pour la satisfaction des ménages, voient bien, eux, la situation et elle est hautement inquiétante.

Un marché de l’ancien en forte croissance créant forcément des disparités est la conséquence de ce que nous vivons dans le neuf : cette « insolente santé » est le résultat d’une pénurie d’offre, particulièrement dans les marchés déjà en tension comme Nantes Métropole. Avec toujours le même constat : baisse de la production de logement neuf depuis maintenant près de 5 ans.

Sur Nantes Métropole, avec en moyenne 6500 logements neuf produits (tout type confondu) sur la période 2016-2019, on est juste au-dessus de l’objectif du PLH (6000) mais bien en dessous de l’objectif identifié par OLOMA (7500). Sur 2020, la chute est brutale avec seulement 3600 logements, soit -45 % au global (libre et social confondus).

La tribune de Bertrand Mulot, Directeur de Bessé Immobilier & Construction ( https://www.besse.fr/fr/marche-du-logement-neuf-etat-durgence ) est plutôt une bonne analyse de la situation : de multiples raisons se superposent pour arriver à cette situation de production insuffisante. Les problématiques sont anciennes et prennent leur source notamment dans les évolutions règlementaires (PLUM), les difficultés d’acceptation des constructions nouvelles et les recentrages dans les zones denses des construction. Or la démographie et les besoins d’évolution du parc n’attendent pas que l’on réfléchisse à la solution miraculeuse qui permettrait de produire du logement très confortable, hyper performant d’un point de vue environnemental, sans consommation d’espace naturel, très abordable et enfin sans gêner les voisins (même si ces logements servent à loger les enfants des voisins).

Le cycle de production du logement est long. Une opération demande du temps pour sa mise en oeuvre, le rendre opposable et enfin la réaliser. De fait, lorsqu’on on entame aujourd’hui une évolution sur un PLU, on parle de logements qui seront habitables pour ses premiers habitants en 2029 ! Ou serez-vous en 2029 ?

Il faut donc répondre à toutes les urgences en même temps : urgence du logement pour tous ET urgence climatique, mais surtout il ne faut rien bloquer. En tout cas la seule erreur que l’on pourra se reprocher c’est d’avoir stoppé le cycle de la construction de logement pour réfléchir, alors qu’il faut réfléchir mais produire aussi, anticiper les évolutions, prévoir les besoins, ceux de dans 10 ans et aussi se projeter en 2050 pour préparer la construction de la seconde partie du siècle !

Toutefois, nous apportons un bémol sur la réflexion de Bertrand Mulot concernant l’inflation foncière. Comme tout marché de matière première, et comment ne pas qualifier le foncier de ressource (non renouvelable), il est le jeu de l’offre et de la demande. Encadrer ce marché ne sert à rien. Si le volume n’est pas là, cela ne fera que traiter une partie du problème. De même ce n’est pas en encadrant les loyers que l’on construira davantage par exemple. En revanche si la production de logements n’est pas suffisante, il ne viendra à personne de penser que c’est la volonté des opérateurs (sociaux ou privés) de réduire leur production alors que la demande est aussi forte . La raison est bien entendu que cette ressource n’est pas suffisante pour répondre aux besoins. Elle existe mais elle n’est pas suffisamment disponible d’un point de vue opérationnel.

Accélérer tous les processus, partout où ils peuvent l’être, est déjà une responsabilité collective face au défi qui est le nôtre, ne serait-ce que pour réduire le mal logement face à la carence d’offre qui s’annonce pour les 4 prochaines années !

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